14 mars 2024

3 exemples de leadership municipal en forêt privée

Au Québec, 220 communautés dépendent de la forêt. C’est une municipalité sur 5. Si les arbres sont les poumons des villes, la forêt est le cœur de toutes les régions du Québec. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) épouse l’une des volontés du Forestier en chef, qui souhaite que la production forestière augmente au fil des ans. Mais la récolte du bois n’est pas toujours bien perçue par l’ensemble des communautés. Quelques municipalités ont fait preuve d’initiative pour mettre en valeur le potentiel de la forêt privée. Dans les cas suivants, les retombées positives sont incontestables pour les différents utilisateurs de la forêt. Voici quelques exemples d’initiatives de municipalité qui ont réussi à faire valoir les impacts positifs de la récolte dans leur région :

1. Parc régional de la Forêt de Drummond

La MRC de Drummond a fait l’achat en 2018 d’une terre à bois de 20km2 appartenant à Hydro-Québec, elle-même située dans un massif boisé encore plus grand, appartenant majoritairement à des propriétaires privés. Cette terre avait un historique de plantation, avec des chemins forestiers en place, mais la foresterie a été délaissée par Hydro depuis longtemps donc la forêt n’était plus entretenue. L’endroit était actuellement utilisé pour le plein air par les touristes.

En avril 2020, la MRC a créé le Parc régional de la Forêt de Drummond (en vert). À ce territoire s’ajoutent des terres appartenant à la Ville de Drummondville (en bleu), à la municipalité de St-Majorique-de-Grantham (en saumon) qui sont considérées dans la conception du plan directeur du parc, à la demande des municipalités concernées.

Situation

La MRC est propriétaire et gestionnaire du territoire.
Le parc entame son 5e hiver de foresterie.
Le rythme ciblé de récolte est évalué à environ 0,25 km2 annuellement sur près de 20 km2
La stratégie forestière permet la cohabitation avec les activités récréotouristiques.
- Ce n’est pas un modèle de foresterie commerciale intensive puisqu’il est proche du centre-ville. Il s’agit de mettre en œuvre et de privilégier un mode d’aménagement forestier variant les types de prescriptions sylvicoles afin de maximiser la diversité des peuplements forestier et les variétés floristiques et fauniques, tout en tenant compte des activités récréotouristiques, notamment pour l’amélioration de la résilience de la forêt face aux changements climatiques.
Les interventions sylvicoles permettent, en plus de générer des revenus pour le parc régional, de maintenir à niveau les infrastructures de chemins forestiers en bon état.
Intègre de façon micro la foresterie sans mettre trop de pression. On commence par » l’arrière scène » qui n’est pas utilisée par le récréotourisme et on vise à développer l’aménagement afin de le faire concorder avec le développement des sentiers du parc.

Potentiel forestier

La forêt sur le territoire est principalement d’origine naturelle (61%). Les plantations sont principalement d’épinette blanche, de pin rouge et d’épinette de Norvège et 90% ont plus de 20 ans.
La coupe des peuplements naturels ne serait pas rentable étant donné la faible qualité des essences.
Les recommandations forestières suggèrent qu’une exploitation minimale des plantations de plus de 40 ans pourrait générer des revenus, et ce, en tenant compte des activités récréotouristiques.
Les revenus potentiels sont de 30 400$ par an de 2020 à 2030.

Activités récréotouristiques

Randonnée pédestre, vélo & vélo sur neige, raquette, glissade, hébertisme aérien et sentiers équestres.
Location de lots par la MRC.

Gouvernance

3 comités encadrent la gestion et les opérations du parc :
- Comité de Parc régional de la Forêt de Drummond : Composé de 3 élus de la MRC, il assure le suivi de la mise en œuvre du parc.
- Comité administratif et de planification : Composé de 7 élus de la MRC, il fait des recommandations et a des pouvoirs de surveillance.
- Conseil des maires et mairesses : Prend les décisions et grandes orientations.

Acceptabilité sociale

Un sondage a été réalisé en 2020 auprès de 1 308 adultes résidents de la MRC. Questionnés sur le développement du parc, voici leurs priorités :

35% – Reprendre et améliorer les activités d’aménagement forestier en portant une attention particulière à la faune et au développement durable.
20% – Développer un équipement régional afin de favoriser l’accès à la population.
18% – Restreindre l’accès à certaines zones afin de favoriser la protection de l’environnement.
15% – En faire un attrait touristique pour les citoyens de la MRC et pour les visiteurs de l’extérieur.
9% – Laisser le territoire tel quel.

2. Forêt Larose, Comtés unis de Prescott-Russel, Ontario

La Forêt Larose voit le jour en 1928 quand M. Larose y entreprend une première plantation de conifères sur des terres abandonnés. Depuis l’an 2000, elle est gérée par la municipalité régionale des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR).

205 000 arbres plantés depuis 2009.
11 000 hectares comprenant des forêts et des terres humides.
260 hectares terrain acquis depuis 2006.
2,7 M$ revenus de récolte réinvestis dans la forêt depuis 2006.
156,8 hectares/année récolte annuelle (2016-2020) (1,6 % de la forêt productive)

Objectifs

Notre mandat est la protection et la durabilité des ressources naturelles en équilibrant les avantages économiques, sociaux, environnementaux et culturels que procure la forêt. Depuis 2006, les Comtés unis de Prescott-Russell détiennent une certification FSC.

Activités récréotouristiques

Vélo de montagne, randonnée pédestre, équitation, moto hors route, VTT, chasse, ski de fond, raquettes, motoneige, traîneau à chien.

Gouvernance

La Forêt Larose est représentée par des organismes ayant une expérience dans la gestion forestière et ses meilleures pratiques.

Conservation de la Nation Sud
Forêt modèle de l’Est de l’Ontario
Boisés Est
Premières Nations
Club des naturalistes d’Ottawa
Ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario
Membres du public
Membres du Conseil des CUPR
Personnel des CUPR

Plan de gestion 20 ans

Ce plan vise à assurer une gestion durable et ‡ long terme de la forêt. Il sert comme guide pour la gestion des ressources forestière de 2009 à 2028.

Plan de gestion 5 ans

Les superficies de récolte annuelles sont recalculées pour chaque période de cinq ans. Le plan actuel est pour 2021-2025. Le plan stratégique 20 ans a été réalisé il y a 10 ans et beaucoup de choses ont changé dans les pratiques depuis. Un plan révisé sera complété au cours du mandat 2021-2025, mais tout changement sera intégré au fur et à mesure au plan 2021-2025.

Zones de gestion intensive de la faune

Le Plan de protection et de développement (PDP) a identifié les zones qui pourraient convenir à »Aires de gestion intensive de la faune » dans le bloc principal de la forêt Larose. Il s’agit de domaines dans lesquels l’intervention humaine peut améliorer la qualité des sites candidats du point de vue de l’habitat faunique. En employant les principes qui ont été utilisé pour identifier. Un total de 203,2 ha ont été identifiés pour être traités au cours de la période opérationnelle 2021-2025.

3. Northern Forest, USA

Forest Legacy Program (FLP)

Le FLP est l’une des réponses des services forestiers de l’U.S. Departement of Agriculture au problème du changement d’affectation des terres qui menace les économies et les communautés rurales. Créée en 1990 suite à des inquiétudes concernant l’économie forestière de la région forestière du Nord de l’État de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine, menacée par un changement de propriété foncière.

Le programme est entièrement volontaire et finance à 75% des acquisitions de terrains en fief simple où l’intégralité du titre est transféré à l’État et le terrain est ensuite géré par une agence d’État. Il s’agit d’un programme de conservation » forêt en activité » assurant une trésorerie ainsi que des emplois locaux.

Types de propriétés

Leur taille, leur propriété et leur utilisation varient considérablement.
300 000 acres appartiennent à des sociétés de gestion forestière.
Quelques centaines d’acres appartiennent à un seul propriétaire privé.
La plupart sont toujours détenues et gérées par des intérêts privés.
Certaines des propriétés appartiennent aux municipalités.

Activités récréotouristiques

Motoneige
Canot
Chasse & Pêche
Erablières

Données économiques

Contributions des terres FLP dans la forêt du Nord aux économies régionales du Maine, du New Hampshire, du Vermont et de New York. L’emploi comprend les emplois à temps plein et à temps partiel.

Mise en contexte

Une forêt de 10 000 acres, comprenant 26 milles de routes, située dans la ville a été détenue et gérée par une entreprise papetière locale pendant des décennies jusqu’à ce que l’entreprise vende ses terres dans les années 1980. Chaque fois que ces terres changeaient de propriétaires, les décideurs se trouvaient de plus en plus éloignés de la ville. En 2001, grâce au soutien financier du FLP, des fondations privées et des membres de la communauté locale ont acheté la forêt.

Fond forestier de la ville

La commune a créé un » fonds forestier municipal ». 4 locataires de base :

Accès publique
Préserver l’habitat faunique
Éducation publique
Conserver la terre comme forêt en exploitation.

Récolte de bois

Tous les deux ans environ, une récolte de bois a lieu dans la forêt municipale, ce qui non seulement fournit des revenus à la ville, mais améliore également l’habitat de la faune et les possibilités de loisirs.

Acceptabilité sociale

Chaque année, le comité forestier de la ville organise une journée de » visite de la forêt » où les gens découvrent ce qui s’est passé en matière de gestion au cours de l’année écoulée. Chaque année présente des thèmes différents allant de l’importance des pollinisateurs aux avantages des différents traitements sylvicoles.

Sources